Les erreurs courantes à éviter lors de la création d'un programme de corporate venture capital

Bienvenue dans notre série d'articles sur le venture capital. Cette série d'articles fournira une base solide pour comprendre les opportunités et les défis liés au capital risque et aidera à prendre des décisions éclairées en matière de financement. Nous espérons que vous apprécierez autant la lecture de ces articles que nous avons aimé les écrire et les partager avec vous.

Le corporate venture capital, ou capital-investissement d'entreprise, est un moyen pour les grandes entreprises de financer des start-ups et de bénéficier d'un retour sur investissement tout en ayant un accès privilégié à l'innovation. Cette stratégie d'investissement est de plus en plus populaire (x2 depuis 2016) et suscite l'intérêt de nombreux acteurs. Cependant, créer un programme de CVC n'est pas une tâche facile. Comme le relève le dernier rapport du BCG sur le CVC, les succès sont loin d’être systématiques et de nombreux écueils peuvent voir le jour au cours de la relation entre start-up et corporate (https://www.bcg.com/press/2june2022-les-grandes-entreprises-des-rapprochements-capitalistiques-avec-les-startups). 

Les échecs sont souvent dus à un manque de collaboration, à une mauvaise exécution de la stratégie d'investissement ou encore à des divergences culturelles. Les grands groupes veilleront donc à prendre quelques précautions au moment de la création de leur programme de CVC.

Dans cet article, nous allons donc examiner les erreurs les plus courantes que les entreprises font lors de la création d'un programme de CVC et ce qu'il faut faire pour les éviter.

Erreur n°1 : Ne pas avoir un bon sourcing

La première erreur que les entreprises commettent lors de la création d'un programme de CVC est de ne pas avoir un sourcing qui permette de trouver la start-up idéale. Véritable clé de voute de la réussite de ce programme, il permet aux entreprises d'identifier les startups dotées de technologies et de modèles commerciaux innovants qui peuvent les aider à atteindre leurs objectifs stratégiques. Sans un bon sourcing, les entreprises vont passer à côté d'opportunités d'investissement prometteuses et de ne pas atteindre les résultats stratégiques escomptés de leur programme CVC. 

Il est important de mettre en place un processus de sélection défini et objectif. Ce dernier, combiné à une stratégie claire développée avant de commencer à investir, vous permettra de vous éviter de vous retrouver avec un portefeuille d'investissements qui ne correspond pas à vos attentes.

Erreur n°2 : Ne pas avoir une équipe dédiée pour gérer le programme de corporate venture capital

Certaines entreprises rencontrées ne comprennent pas les risques associés aux investissements de CVC. La plupart de ces investissements se font en phase de démarrage, et donc ont un risque plus élevé que les investissements traditionnels. Il est crucial d'avoir une équipe expérimentée sous la main pour évaluer ces risques et prendre des décisions éclairées.

Cette équipe doit y être dédiée, car un suivi avec parfois une présence au board des entreprises dans lesquelles on a investi est nécessaire, et un portfolio demande une attention constante, un investissement permanent. Elle sera en mesure de s'occuper de la sélection des investissements, de leur gestion, et de la sortie, trois phases qui comprennent en fait une kyrielle d’interventions : due diligence, KYC, rédaction de term sheet, structuration du deal… Deux options s'offrent alors à l'entreprise voulant se lancer dans la création d'un programme de CVC : lancer sa propre équipe, ou engager un tiers.

Erreur n°3 : Choisir une start-up désalignée avec ses objectifs stratégiques

Une autre erreur fréquente consiste à faire l’autruche quant aux problèmes de désalignement qui peuvent exister entre start-ups et corporate. Si certaines jeunes pousses sont “corporate compatible” et peuvent bénéficier de synergies avec elles, d’autres sont inadaptées aux alliances stratégiques. Prendre en compte le degré de compatibilité stratégique est primordial. Il peut concerner le secteur d'activité ciblé par la start-up, sa géographie, ses objectifs de croissance… Si l’objectif d’un fond de Venture Capitalism classique consiste à profiter de la croissance des entreprises dans lesquelles il investit, celui du corporate dans son activité d'investisseur ne s’y résume pas. C’est un élément qui doit être pris en compte dès le début, et l’entreprise doit se demander en quoi la relation avec la start-up va lui permettre de développer de nouveaux produits, d’entrer dans un nouveau marché, d’adresser une nouvelle catégorie de consommateurs… Il s’agit de se concentrer sur la valeur créée sur le long terme par la création notamment d’avantages compétitifs, plutôt que de viser à tout prix la rentabilité des investissements à court terme.

Comme souligné dans le rapport du BCG précité, la stratégie d’investissement du CVC est à déterminer en fonction des priorités du groupe, oscillant entre trois objectifs parfois incompatibles :

Erreur n°4: Ne pas avoir de processus clair pour gérer les investissements CVC

Une fois que vous avez sélectionné des entreprises dans lesquelles investir, il est important d'avoir un processus clair pour gérer ces investissements. Les entreprises commettent souvent l'erreur de penser que leur travail est terminé une fois qu'elles ont investi dans une entreprise. Cependant, il est important de continuer à travailler avec les entreprises pour s'assurer qu'elles atteignent leurs objectifs.

Il est également important d'avoir une stratégie claire pour sortir des investissements, que ce soit par une acquisition ou par une sortie sur le marché public. La sortie des investissements peut avoir un impact important sur les résultats financiers de votre programme de CVC.

Erreur n°5 : Oublier de poser les termes de la relation

Pour établir un partenariat fructueux, les fondateurs doivent déterminer la relation de la jeune entreprise avec son partenaire corporate. On l’a dit, il existe un volet d’alignement culturel, stratégique. Néanmoins, tous les apports en industrie potentiels (e.g utilisation du réseau de vendeurs du corporate), en nature (e.g prêt de bureaux) doivent être discutés et mis sur papier. C’est un excellent exercice pour trouver des synergies.

Erreur n°6 : Ne pas assez échanger avec les entrepreneurs

Une fois l’investissement réalisé, certaines entreprises peuvent se désintéresser de leur portefeuille. Bien qu’il faille éviter les aller-retour avec les fondateurs qui pourraient venir leur faire perdre du temps précieux, voire étouffer leur force de créativité, il faut tout de même planifier des moments d’échange réguliers et approfondis avec les employés. Partage des outils, bonnes pratiques, session de réflexion stratégique, c’est lors de ces moments que les idées fusent sur les moyens de rendre la collaboration pertinente.

Erreur n°7 : Ne pas se faire accompagner par des spécialistes du corporate venture capital

Le Corporate Venture Capital étant une pratique récente au regard de l’industrie du capital-risque, bon nombre d’entreprises n’ont pas ou très peu d’expérience sur le sujet.

Sur les 4 062 CVC qui ont investi entre janvier 2020 et juin 2021, plus de la moitié le faisaient pour la toute première fois, 48 % seulement étant en activité depuis au moins deux ans au moment de l'investissement selon un article de la revue Harvard Business Review (https://hbr.org/2022/07/is-corporate-venture-capital-right-for-your-startup).

Or les start-ups ont tendance à reculer devant les investisseurs novices, car ces derniers n’ont pas nécessairement les ressources et la crédibilité que les fondateurs sont en droit d’attendre, les nouveaux fonds de corporate venture capital pouvant souvent avoir du mal à comprendre ne serait-ce que les bases en matière de capital-risque.

En d’autres termes, il est rassurant pour les fondateurs d’avoir en face de soi des investisseurs expérimentés, qui comprennent leurs problématiques et ont de préférence un pied dans leur industrie. Il est donc pertinent d’être accompagné en tant qu’entreprise par des spécialistes du CVC lors de la création de son programme.

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Minh Q. Tran, minh@mandalorepartners.com